La continuité pédagogique, oui mais comment ?
C’est inédit, certes, mais rien n’empêche de réfléchir et de commencer à imaginer des débuts de solution.

Les enseignant·es ont très rapidement réagi suite à l’annonce de fermeture des écoles. Trop rapidement ?
Sans vouloir ouvrir le débat, nous avons toutes et tous réfléchi à comment assurer et maintenir le lien avec nos élèves, petits ou grands.

Tout dépend, dans la réalité, des outils dont chacun·e dispose. Parent et enseignant·e.
Les plus geeks d’entre nous s’en sortent un peu mieux… quoique, est-ce vraiment LA bonne réponse ?
La solution, dans cette école à distance, c’est le le lien, le contact malgré tout et rien n’est moins simple.

Des solutions existent :
– ENT (vite saturés mais pas durablement, il est irréaliste de penser que nous pouvions être prêts à un tel afflux de connexions simultanées) et encore faut-il que les parents aient activé leur compte (pas si simple) ou simplement aient accès (en dehors des difficultés techniques des serveurs surchargés) : forfait et connexion adéquate,
– blog de classe privé,
– courriel académique.
Chacun·e a cherché des solutions.

Pour garder le lien, continuer à communiquer, il a fallu doser cette communication, de ne pas écraser les familles de nos élèves sans pour autant les laisser tomber dans un tel moment.

 

Égalité…
Ce qui m’a guidée depuis ce vendredi 13 mars, c’est la volonté de ne pas creuser plus encore les inégalités entre les élèves de la classe. Vœu pieux ? Peut-être. Mais le garder en tête ne peut pas nuire tout à fait.
Je fais le choix, personnel, de pas proposer de collier de perles, de pâte à sel, de pâte à modeler, de puzzles, de peinture, d’atelier cuisine etc.
Les parents qui peuvent le faire ont accès à ces idées, ils saisissent « occuper mon enfant à la maison » dans leur barre de recherche.
Personne ne doit avoir à se sentir exclu·e des activités proposées.
Chaque enseignant·e fera ce qui lui semble juste en fonction des familles avec qui elle /il travaille.

 

  • Il y a eu un rêve, une utopie : une bibliothèque numérique collaborative, qui procédait du désir de donner à toutes et tous un accès aux livres. Elle serait constituée de liens qui mènent vers un livre publié en ligne et qui peut être lu sur un téléphone au minimum. Des liens pour le lien…
    Et puis le rêve s’est heurté de plein fouet à la réalité, pffffuiiitt envolé, disparu. Le réveil est brutal.
    Il faudrait recueillir les autorisations des maisons d’édition.

Pour cette « école à distance », il convient de s’assurer, en amont, que tous les élèves auront au moins un accès minimum : un téléphone, une connexion, un forfait, des Go. Ce n’est pas toujours le cas.
On ne maîtrise pas tout dans cette affaire, les parents d’élèves disposeront-ils d’assez de Go pour faire face à cette continuité pédagogique ?
Ne pas aggraver les inégalités… oui mais comment faire, concrètement ?


Pour écrire mon premier message aux familles je me suis beaucoup inspirée de Christine Lemoine, une fée : maternailes. Merci inspirante Christine ! ✨
Lien vers Evernote

 

  • Samedi, en me creusant la tête, je voulais créer un cahier numérique pour la période, enrichi et complété chaque jour… mais celui-ci serait rapidement devenu trop lourd à manipuler (atteindre la page x… jour après jour, jusqu’à nouvel ordre), donc j’ai décidé de créer un cahier numérique quotidien.
    Si vous n’avez pas d’ENT, je vous propose une alternative avec l’application BookCreator :
     BookCreator

Ces cahiers sont partageables avec les familles en publiant en ligne, ce qui permet de générer un simple lien, partagé par courriel ou dans un article de blog, ENT ou autre.
Du lien et du partage, encore.
Avec BookCreator, j’ai doublé mes cahiers multimédia (créés sur l’ENT) depuis le début de semaine parce que l’ENT était saturé. Garantir l’accès à tous.

Un cahier par jour, donc, publié le matin = un rendez-vous, un rituel, un lien.
Comme un calendrier de l’avAnt, pour attendre le retour en classe.

En attendant l’école…

Quelques idées directrices :
– une page (au max deux) par domaine d’apprentissage, avec un repère couleur, toujours le même,
– un contenu connu, très peu de nouveau, pour ne pas (trop) pénaliser les élèves qui n’auraient eu aucun accès pendant cette période,
– je reste au plus près de l’emploi du temps de la classe : par exemple le mercredi, le décloisonnement petits-moyens-grands (les couvertures des livres lus : en parler, choisir son préféré), l’emprunt en bibliothèque d’école (photos et commentaires) et les instruments de musique (des photos, une écoute des guiros travaillés la semaine dernière), le lundi, jour du parcours installé (décrire les actions, le matériel à partir d’une photo de la situation vécue), jeudi jour de notre créneau en salle des sciences (photo des ateliers, lexique et apport de ressource, une vidéo), etc.
Je m’appuie sur le vécu de la classe, des photos des activités passées,
varier les types de ressources : images à décrire / commenter, photos de la classe, vidéo personnelles ou autres, lien vers des livres sonores, chansons, ma voix, des extraits musicaux, des défis, des capsules vidéo ou audio extraites de sites comme lumni.fr, Pomme d’Api, Dimitri, Radio France etc.
– je demande aux élèves de commenter – décrire – s’exprimer – d’échanger avec la personne qui l’accompagne, de partager ce moment de « travail »,
– j’essaie de ne pas être directive envers les familles, « faites ceci, cela » : c’est déjà assez difficile de rester confiner avec de jeunes enfants et les occuper tout en télé-travaillant parfois.
Rester au plus près, autant que possible, des contraintes de chaque famille qui fait notre communauté de classe et s’adapter.

Certes, il va falloir se creuser la tête pour tenir sur la durée mais on a un vécu commun, depuis septembre, à réactiver, à entretenir.


Un exemple de ce que je propose : en suivant ce lien <— clic

 

  • Ce jeudi 19 mars, en lien avec les activités de sciences :

  • Les propositions du jour liées à l’autonomie sont reliées aux sciences :

 

 

  • Autonomie et actualité :

 

D’autres exemples : ranger sa chambre, s’habiller seul·e.

  • Le vendredi, nous dansons :

  • Le lundi, le parcours :

 

  • Artothèque : une œuvre par jour dans le cahier multimédia : des œuvres vues / empruntées dans les deux sélections passées.

 

  • Numération : une activité par jour aussi :

ou un lien vers un jeu en ligne déjà connu, créé pour eux :

  • Une page par jour sur le langage oral, l’écoute ; des liens vers des livres déjà lus :

 

  • Comptines, chansons, musique :

    liée à l’actualité, ou pas

 

  • Et demain c’est le printemps :

en lien avec ce que les enfants ont vécu : une sortie au cinéma

 


Alors oui… je vous entends, ce sont des écrans supplémentaires, téléphone ou autre.
J’ai peu de fiches en classe, et encore faudrait-il que les familles puissent les imprimer… et soient à même de les faire réaliser aux enfants.
Ici le numérique relie et permet de faire arriver la classe dans les maisons.
On ne peut pas forcer la porte mais on peut aider à la faire s’entrouvrir.

Nous, enseignant·e·s ne sommes ni magiciens, ni distributeurs de Go, de forfait internet, mais nous faisons du mieux possible. Au plus près de la réalité des familles de nos classes.
Du bon sens.

 


J’ai mis en place un cahier commun, collaboratif, qui s’enrichit des envois des familles ; moi j’enregistre un message audio pour remercier et dire quelques mots.
Les enfants se voient en famille les uns les autres, dans leur univers, et ils m’entendent.
On garde le contact grâce à ces moyens technologiques utiles aux relations humaines.

L’idée va évoluer, je veux davantage enregistrer ma voix sur les pages, rendre vivant le projet, personnaliser plus encore ces cahiers.

Le retour des familles est positif, les enfants attendent et réclament ce rendez-vous, ils aiment avoir des nouvelles des camarades et entendre ma voix. C’est déjà pas mal.
Alors je continue !

 

  • Si vous aussi vous voulez créer des cahiers numériques, vous trouverez plusieurs articles sur ce blog pour vous aider.
    Ces cahiers sont très simples à créer sur l’ENT One (parisclassenumerique.fr) mais pendant tout le temps que je dois faire en double pour compenser les difficultés techniques d’accès, j’ai trouvé une astuce : hop, une capture d’écran du livre BookCreator ajoutée comme page de fond. 😉